Le 20 novembre, nous prenons donc la route vers le sud du Maroc et laissons la pluie d’Agadir avec joie en espérant retrouver le soleil et la chaleur. Nous passons sans nous en rendre compte au Sahara occidental.

La route est vraiment très belle. On se croirait dans un paysage de film… une route interminable entre désert et mer, des falaises incroyables et pas âme qui vive, quasiment aucun village entre les quelques grandes villes traversées sur 1000 kilomètres.
Nous bivouaquons au milieu de la nature très facilement… mais nous qui aimons être un peu caché derrières des arbres, nous allons apprendre à faire sans pour un moment : vive le désert.

Le réveil de notre premier bivouac dans le Sahara Occidental se fera sous un épais brouillard impressionnant. Petit à petit, minute par minute, le brouillard se dissipe et laisse place à un magnifique spectacle pendant le petit déjeuner.

La route continue ce matin vers Tan-Tan et Layoune dans le parc National de Khenifiss, avec son lot de merveilles. Tantôt des petites dunettes de sables, tantôt des petits lagons, tantôt du désert… Vraiment, nous sommes émerveillés.

Il est assez facile de trouver un bivouac au vue du désert immense qui nous entoure par ici. La complexité c’est que l’endroit soit propre… Malheureusement, on trouve de très nombreux déchets plastiques le long des routes ou sur les pages. Nous finirons par trouver notre bonheur au pied de la falaise avec une vue imprenable sur l’océan.

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Quitterie en profite pour faire une grosse lessive avec Inès qui adore aider dans les taches ménagères. Elle est trop choupette et d’une efficacité redoutable. Vers 17h30 arrive un 4×4 de l’armée. Deux jeunes soldats vérifient nos identités, puis nous expliquent que l’endroit est désert et donc dangereux. Ils nous informent que nous ne pouvons pas rester ici… Après discussions, ils nous montrent leur « camp » à quelques centaines de mètres de notre position, camp que nous avions pris pour des petits baraquements de pêcheurs. Nous convenons que nous partirons dés le lendemain matin. C’est ok, on peut rester ici pour bivouaquer.
Le soleil a disparu… le vent se lève et une pluie légère commence à tomber. C’est l’occasion pour nous de tester notre nouveau auvent pour la cuisine. Au top! Nous dinerons donc dans la tente à la nuit tombée, les enfants adorent et nous en profitons pour faire un menu marocain sans couverts!

Nous nous couchons bien vite ce soir là, vers 21h30 tout le monde dors à point fermé. Quelle ne fut pas notre surprise vers 22h, quand dans notre premier sommeil, nous voilà réveillé par le même 4×4 que tout à l’heure avec 3 gars qui en descendent…. les deux soldats et un policier. Ils nous interpellent avec des voix fortes, en nous demandant nos passeports et la fiche de renseignement… On hallucine avec Antoine, il est 22h, il fait nuit noire et il faudrait s’habiller (!!!), descendre de notre échelle, enfiler des chaussures, ouvrir les zip, ne pas réveiller les enfants et leur donner nos identités alors qu’ils les ont déjà…. Antoine dit au gars de revenir demain matin puisque nous serons toujours là, mais celui-ci insiste. A ce moment là, une énorme averse s’abat sur nous… une bonne grosse pluie et un vent qui monte en puissance… Antoine me dit « je ne vais pas me presser, ils vont attendre un peu sous la pluie, moi je suis bien au chaud…! » et effectivement au bout de quelques seconde, le policier capitule, le moteur de leur voiture ronfle et repart. Nous sommes écroulés de rire à l’idée d’avoir fait poireauter 3 policiers sous la pluie… non mais c’est pas une heure pour venir déranger d’honnêtes gens tels que nous 😉

Nous dormons par intermittence à cause de la pluie et du vent… Quitterie songe au linge qui « sêche » dehors, pourvu que rien ne s’envole. Antoine prie pour que le nouveau auvent ne donne pas une prise au vent supplémentaire et ne s’arrache pas…. bref, une nuit de bivouac légèrement pourrie. Finalement, vers 7h du matin, Antoine me réveille un peu soudainement… et me montre venant du large, un ciel noir avec des éclairs qui avancent à vue d’œil vers la côte. L’orage fonce droit sur nous… nous convenons qu’il est temps pour nous de commencer à ranger les affaires et de réveiller les enfants pour les préparer… malheureusement, nous avons à peine le temps de nous mettre en mouvement que la tempête sera sur nous. Nous n’avions jamais connu des vents pareils…
Quitterie avait du mal a tenir debout dans la tente tant le vent soulevait la toile au sol et sur les cotés. Evidemment nous n’avons que nos souvenirs pour illustrer cet événement. Dans ces moments là, on ne pense pas à sortir l’appareil photo et la caméra. Toujours est-il que nous tenions la tente à bout de bras, pour ne pas qu’elle s’envole, et nous avec.
Nous essayons de donner le change et de rire de la situation devant les enfants. Maxence en super grand frère, décide de mettre Inès et Louis à l’abri sous un duvet. Voilà donc nos 3 amours, collés les uns aux autres dans leur cabane. Nous sommes émus de les voir si complices et attentifs dans un moment pareil. Nous décidons pour notre sécurité à tous, de tenter une évacuation des enfants en direction de la voiture et de replier la tente pour ne pas qu’elle se déchire. C’est donc partie pour la mission commando, dans les bras de Maman pendant que Papa tient la tente. Dehors c’est toujours moins impressionnant qu’à l’interieur mais tout de même ça souffle sacrément fort. Il pleut des trombes d’eau, une véritable tempête est sur nous. Le sable tournoi dans les airs, en nous fouettant le visage comme de la grêle, c’est à la fois magnifique et flippant. Non sans peine, nos 3 chouchous sont en sécurité les uns après les autres dans la voiture et quasiment sans l’ombre d’une inquiétude sur leur visage… ouf, ils vont être au spectacle et regarder les parents se faire mouiller en tentant le repliage….
Au bout d’une heure, nous parvenons à plier grossièrement notre tente, ramasser tout le linge qui est répandu à terre dans la boue, ramasser les sardines et piquets qui ont lâché, entasser les affaires dans le coffre de la voiture. Autour de nous, c’est une véritable mare de sable et d’eau qui s’est formée… un sacré champ de bataille. La tempête a duré près d’une heure et demi. Et d’un seul coup, le soleil fait son apparition, le vent tombe.
Nous décidons malgré le grand soleil de quitter ce bivouac qui ressemble plus a un champs de boue et d’offrir un bon petit déjeuner au sec à nos enfants. Nous ne le savons pas encore mais nous ne sommes pas au bout de nos peines. Il nous faudra 4h pour sortir de ce bourbier et l’aide des militaires qui sont devenus nos amis maintenant.

Voici la vidéo filmée par le portable d’un militaire qui ne croyait pas que nous passerions avec la remorque. Quelle sensation! Nous avons tout de même bien serré les fesses. Nous sommes heureux de retrouver la terre ferme. Nous nous échouons quelques kilomètres plus tard dans un hôtel à Boudjour pour faire l’état des lieux, se reposer et se remettre de nos émotions du matin. La voiture et la remorque garderont durant quelques jours les stigmates de notre première tempête… des kilos de boue qui nous donnent l’air de sortir tout droit d’une sacrée galère.

 


Vous retrouverez quelques images de cette péripétie dans l’épisode vidéo #4 :